Conférence

Observer, imaginer, dessiner sur le motif

Anonyme, Artiste peignant en plein air en forêt, "Au Bas Bréau, 20 septembre 1825", crayon graphite et crayon noir sur papier, Don en 2024, Musée départemental des peintres de Barbizon
Marie-Pierre Salé confronte la pratique du plein-air (qui a été, à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, l’une des grandes voies du paysage moderne) au dessin sur le motif (qui est issu d’une tradition bien plus ancienne, remontant au moins à la Renaissance).

Plein-air et motif

Conservatrice générale au département des Arts graphiques du musée du Louvre (chargée des dessins du XIXe siècle), directrice d’études cumulante à l’École pratique des hautes études, Marie-Pierre Salé a assuré le commissariat de l’exposition « Dessiner en plein-air. Variations du dessin sur nature dans la première moitié du XIXe siècle » au musée du Louvre en 2017-2018. Elle a publié de nombreux ouvrages et articles de référence sur le plein-air, Jean-François Millet et Eugène Delacroix, entre autres.

La pratique du plein-air a été, à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle, l’une des grandes voies du paysage moderne ; le dessin sur le motif, lui, est issu d’une tradition bien plus ancienne, qui remonte au moins à la Renaissance.

En saisissant la nature sur le vif, les dessinateurs observent et étudient, pour une restitution réaliste et fidèle du monde, mais cet exercice n’est pas seulement une imitation servile. L’imagination, les sensations, les souvenirs, se mêlent parfois aux impressions reçues de la nature, et le dessin est alors invention autant que transcription.

Au milieu du XIXe siècle, Corot est l’un des artistes qui a poussé le plus loin cet abandon du réalisme au profit de la poésie dans le dessin sur nature.