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Registre de police de l'auberge

Registre de police de l’auberge Ganne.

Ce registre a été ouvert le 12 mai 1848 et clos le 3 septembre 1861. Chaque voyageur séjournant à l’auberge devait y indiquer son nom et son prénom, son âge, son lieu de naissance, celui de sa résidence, celui de la délivrance de son passeport, le lieu d’où il vient et celui où il se rend, ses dates d’entrée à l’auberge et de sortie. Le registre a été contrôlé 23 fois, mais de façon très irrégulière, par la gendarmerie de Ponthierry, et une fois par le maire de Chailly-en-Bière. Il a probablement existé un registre précédent et un suivant celui-ci puisque l’auberge a été ouverte dans les années 1820 et a fermé, pour être remplacée par la « Villa des Artistes », vers 1870. Mais ils n’ont pas été conservés. Deux autres en revanche provenant de la « Villa des artistes » et concernant les périodes 1874-1887 et 1889-1893 existent encore.

Même s’il a été rempli avec peu de rigueur, certaines rubriques étant laissées vierges et certains voyageurs donnant manifestement des noms ou des professions de fantaisie, ce registre apporte de précieux renseignements sur le fonctionnement de l’auberge pour la période concernée. On constate notamment que le nombre d’hôtes indiquant une profession artistique s’élève à plus de 60% mais que leur proportion a tendance à baisser au fil des années en raison du développement d’autres catégories de clientèle. Cette clientèle, notamment pour les artistes, est plutôt jeune puisque la moyenne d’âge s’élève à 29 ans et très masculine puisque seules 27 femmes dont 12 artistes sont mentionnées : mais il est possible que certains hommes n’aient pas mentionné la présence d’une compagne pas nécessairement légitime… La proportion d’étrangers est également remarquable puisque près d’un tiers des voyageurs indiquent une nationalité autre que française, ce qui indique l’attractivité internationale de la colonie artistique de Barbizon au milieu du 19e siècle. La fréquentation la plus importante a lieu généralement en été.

Parmi les noms les plus célèbres figurant sur le registre, on relève ceux de Théodore Rousseau, Antoine-Louis Barye, Léon Gérôme, Thomas Couture, Honoré Daumier, Félix Ziem : on constate que tous ne sont pas des paysagistes et que certains peintres d’histoire ou de genre, attirés sans doute par l’ambiance de camaraderie et le prix modique de la pension venaient séjourner à l’auberge Ganne.